Ils n'existaient pas, ils ne pouvaient disparaitre ...
Vous n'êtes pas identifié.
Vesna redressa la tête pour inspecter la plaine par-dessus le corps encore chaud de l'homme, afin de s'assurer qu'ils étaient vraiment seuls.
Le sang de ce dernier, rouge et brillant au soleil, gouttait du bout du nez et des lèvres de la furie.
La jeune elfe baissa les yeux sur le cadavre exangue ; il avait perdu tout charme et tout attrait, masse informe et blême.
Pourtant, elle se souvenait avec ravissement de l'effet qu'il lui avait fait lorsqu'il était entré dans la taverne, grand et musclé, le regard arrongant et sûr de lui.
Il ne lui avait pas fallu longtemps pour repérer la furie qui le dévorait des yeux et pas longtemps non plus à Vesna pour l'inciter à la suivre.
Le regard excité, l'humain s'était laissé prendre la main et entraîné dans cette clairière isolée.
Vesna s'était beaucoup amusée avec lui, jusqu'à ce qu'il devienne trop pressant et exige plus d'elle ; la colère était monté en elle devant l'autorité qu'il avait osé montrer, la colère et aussi l'impatience.
Elle n'avait pas utilisé ses dagues pour lui transpercer la grosse veine qui pulsait dans son cou, mais ses petites dents pointues.
L'homme avait réagi brutalement, cherchant à la détachr de lui avec ses grandes mains fortes, mais Vesna savait depuis longtemps comment se positionner et éviter les attaques le temps que le sang ai coulé assez pour affaiblir sa proie.
Lorsque l'humain avait cessé de bouger, elle avait pu boire en de longues gorgées le sang tout chaud au goût inimitable.
Elle se redressa et courut en de longues foulées gracieuse jusqu'à la petite rivière proche afin de se nettoyer, laissant sa victime aux mouches.
Il faisait bon et le soleil tappait fort ; Vesna jeta un oeil sur sa peau qui avait blanchi après tant de jours de pluie ; il était temps de récupérer ce teint doré qu'affectionnaient tant ses proies.
Pour ne laisser aucune marque blanche désastreuse sur son corps, Vesna retira prestement les quelques bouts de vêtement qu'elle portait et s'allongea paresseusement dans l'herbe, laissant les rayons caresser sa peau lisse et sans défaut.
Une douce torpeur l'envahit ; ouvrant une dernière fois les yeux pour s'assurer que l'endroit était sur, elle se laissa plonger dans le sommeil.
Dernière modification par Valk (05-05-2009 23:16:07)
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Il faisait nuit lorsqu'elle passa le guet du Château.
Le garde de faction la connaissait bien.
Par chance, il avait un faible pour elle et il fermait les yeux sur ses escapades, omettant de les mentionner dans ses rapports.
Il la laissa passer, un sourire au lèvres, tandis qu'elle courait d'un pas léger jusqu'au donjon et gravissait les marches montant jusqu'à la tour où se trouvait sa chambre.
Arrivée au niveau des appartements de ses parents, Vesna ralentit l'allure en entendant des éclats de voix.
Tournant la tête vers la faible lueur des torches qui éclairait le couloir, elle s'arrêta totalement lorsqu'elle perçut le bruit caractéristique d'un objet qui se brisait.
Fronçant les sourcils, elle osa braver l'interdit en s'avançant jusqu'à la grande porte.
Cette dernière n'était pas gardée.
Vesna ouvrit des yeux surpris et inquiets ; jamais ses parents ne laissaient l'entrée de leur chambre sans surveillance.
La voix de sa mère, presque inaudible à force d'être sifflante, parvint jusqu'à son oreille, étouffée par l'épaisseur du bois de la porte.
Une colère violente tintait ses paroles inaudibles.
La voix grave de son père répondit, plus sèche et plus animée que d'habitude.
C'était comme s'ils avaient perdu la sérénité que leur avait apporté les siècles passés ensemble.
D'aussi loin qu'elle pouvait remonter, Jamais Vesna n'avait entendu ses parents se disputer et jamais non plus ils n'avaient montré tant de vie et d'émotion.
Quelque chose avait réveillé les deux momies.
La curiosité chassant toute prudence, Vesna se plaqua tout contre le sol pour coller son oreille contre l'interstice entre la porte et le plancher.
Là, ralentissant sa respiration, elle se concentra pour mieux écouter.
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"Tu vas trop loin, Numendil. Et tu fais les choses sans me demander mon avis. Tu trahis notre accord".
Dame hyllianah fixait son mari, le corps secoué de fureur.
Le seigneur Numendil, fixa avec haine sa femme, les dents serrées par la colère.
"Ca suffit, ce qui est fait et fait, et nous n'auront jamais une pareille occasion d'arriver à notre but ultime".
la belle elfe à la chevelure d'un roux flamboyant leva son regard vert pour le plonger, implacable comme une lame, dans celui de son mari ;
"Je n'aurais jamais du te donner Valk ; lorsque tu as voulu l'éduquer toi même, j'ai cru tout comme elle que tu voulais juste en faire une digne représentante de notre famille à la cour ; mais jamais....Jamais je n'aurais pensé que tu comptais la sacrifier!"
Le regard du seigneur Numendil devint plus dur encore que celui de sa femme :
"Hyllianah, comment oses-tu me reprocher de faire notre bien, alors que c'est ce que nous avons toujours désirés toi et moi? Tu as toujours partagé mes ambitions, tu as toujours été à mes côtés, que t'arrives-t-il aujourd'hui? Et pourquoi tant de reproches, pourquoi briser tout ce qui nous lie alors que, grâce à moi, nous allons toucher au but?
-Grâce à toi??"
L'ancienne furie éclata d'un rire méchant et saccadé, perdant toute grâce dans sa colère.
"Grâce à toi? "répéta-t-elle ; "Tu veux dire grâce à MA fille ; c'est sa mort qui va assurer ton asension suprême!
-MON asension? Tu veux dire NOTRE ascension!
-NON! Numendil! Jamais! Pas à ce prix! Que Malekith se débrouille sans nous ; tu....
-Tais toi, folle, ne prononce pas son nom!"
Le seigneur Numendil se précipita à la porte d'entrée de l'appartement, l'ouvrit à la volée et regarda frénétiquement dans le couloir, avant de refermer le battant en poussant un soupir, rassuré.
Il prit une légère inspiration, puis, avec une vitesse surprenante pour quelqun de son âge, il s'avança jusqu'à sa femme et lui attrapa les poignets.
Il la colla contre lui et, le visage redevenu froid et sans expression, il grogna dans un souffle :
"Maintenant, ma chère femme, tu vas te calmer et m'écouter : notre roi nous a fait l'insigne honneur de choisir notre fille pour donner un héritier à son fils ; cette chance nous ouvre toutes les portes de la renommée, alors tu vas te taire et obéir ... Si tu ne veux pas perdre la vie toi aussi.
-Numendil ... Il va tuer Valk! Lorsque l'enfant sera né, il va faire assassiner son fils et notre fille pour ne laisser aucune trace! Personne ne doit savoir, tu le sais bien!
-Valk, depuis toute petite, connaît son devoir et je sais qu'elle l'accomplira avec honneur et fierté.
-Honneur et fierté? Donner un enfant à cet avorton, la honte de son père qui a toujours caché sa naissance? Lui retirer cet enfant pour en faire officiellement l'héritier du roi en priant pour qu'il n'hérite pas de la débilité de son vrai père? Se laisser tuer comme une vulgaire génisse pour que le secret soit à jamais cellé?"
Le seigneur Numendil rapprocha encore son visage de celui de sa femme, afin de ne lui laisser aucun échappatoire, lorsqu'il répliqua, d'une voix nette et tranchante :
"Oui, ma chère femme, c'est comme cela que ça va se passer et je te conseille de ne rien faire de compromettant si tu veux garder TA JOLIE TETE SUR TES EPAULES.
Lorsque ce sera fait, tu pourras pleurer TA chère enfant, puis tu te consoleras avec Vesna.
Si tu veux, je peux te donner une autre fille ... A moins que tu préfères un fils? Si bien sûr tu es capable d'engendrer autre chose que des femelles!"
Hyllianah fixa un instant son mari, les yeux exhorbités, puis son regard s'éteignit et ses épaules s'affaissèrent.
Le seigneur Numendil la lache brutalement ; ses mains avaient laissé des traces profondes sur les poignets fins à la peau rendue translucide par l'âge.
Elle baissa la tête, tout signe de révolte disparu, dans un silence rendu presque assourdissant en contraste avec les précédents éclats de voix.
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Vesna, le corps plaqué contre la paroi pour ne pas tomber, serra les lèves pour ne pas crier.
Ses pieds rampèrent le long du rebord deux fois plus étroit qui courait le long du mur extérieur et qui lui avait permis de se positionner sous la fenêtre de ses parents, afin d'écouter sans risque de se faire surprendre.
Indifférente au vide, la furie regagna le bord de la fenêtre de l'escalier et fila, légère et souple, jusqu'à sa chambre.
Là, elle se jeta sur son lit à plat ventre et enfonça son visage dans l'épaisseur de l'oreiller.
La discussion entre ses parents tintait à son oreille ; chaque mot prononcé lui revenait en mémoire, provoquant des spasmes nerveux le longs de ses longs doigts fins.
Valk ... Ils voulaient tuer Valk, sa grande soeur, l'unique personne qui lui témoignait de l'affection, qui la veillait comme une mère lorsqu'elle était malade, qui l'a toujours écouté et qui lui a toujours tout pardonné, qu'il l'a toujours compris, en dépit de leur grande différence.
Valk la douce, la seule personne que Vesna ait vraiment respecté dans sa vie.
Elle était condamnée ... Par un père en qui elle avait une totale confiance.
Vesna émit un long gémissement, étouffé par l'épaisseur de la couverture.
Sa mère avait tenté de s'interposer, mais elle devait savoir dès le début que c'était sans espoir ... On ne se met pas en travers des projets de son père.
Elle devait oublier cette conversation, sinon elle allait devenir folle.
Tout au fond d'elle, un début de haine prenait naissance pour ses parents ; elle le sentait.
Elle se redressa brutalement et fixa le mur en face d'elle avec une telle intensité qu'elle aurait pu le détruire.
Non, elle n'allait pas oublier.
Elle avait encore le temps avant que le projet de son père aboutisse.
Elle trouverait un moyen d'empêcher cela, même si elle devait s'allier avec le chaos lui-même.
Et si elle échouait, elle tuerait elle-même sa soeur de ses mains, avant .... Ca.
Puisant un calme nouveau dans cette détermination, elle se rallongea, tout habillée et plongea dans le sommeil.
Dernière modification par Valk (05-05-2009 23:19:35)
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"Vesna, tu es la mon enfant?"
La voix de sa mère réveilla la jeune furie, allongée au travers de son lit à la couverture déchirée de part en part.
La porte de la chambre s'ouvrit et Dame Hyllianah entra.
Aperçevant le désastre survenu à la couche de sa fille, elle s'avança et demanda, doucement :
"tu as eu une nuit agitée dirait-on. Tu veux m'en parler?
-Hon", répondit la jeune furie, la tête encore plongée dans l'oreiller.
Elle roula sur le côté et leva ses yeux encore plein de sommeil vers ceux, émeraude, de sa mère.
"Tu veux quoi? Tu ne viens jamais dans ma chambre".
Dame Hyllianah haussa un sourcil, fixa un instant sa fille, d'un air désaprobateur, avant de répondre :
"Tu es de bien méchante humeur ce matin. Mais tu as raison, j'ai une faveur à te demander. Une faveur importante.
-Ah? D'habitude, tu m'ordonnes. Ca doit être très particulier.
-En effet".
Vesna, cette fois bien réveillée, s'assit sur le lit à côté de sa mère et attendit.
"Vesna, tu sais que Valk est partie en voyage avec cet orque étrange ... Maxwell."
La jeune furie sourit :
"Encore plus étrange que vous le pensez : c'est un orque avec une libido..."
Dame Hyllianah fixa sa fille d'un air à nouveau désaprobateur :
"Allons, c'est de mauvais goût et déplacé. Un orque ne peux pas avoir de libido et je te parle sérieusement. Je disais donc que ta soeur est parti et s'est arrêté dans un drôle d'endroit, nommé Conventus Occultus.
Ce lieu, de ce que l'on nous a rapporté, serait dirigé, entre autre, par une furie du nom de Nydiele.
Elle cache quelque chose, un secret. Je ne sais pas ce que c'est et je m'en moquerait si je ne m'inquiétais pas pour ta soeur.... Elle est parfois tellement imprudente..."
En souvenir de la conversation de la veille, le regard de Vesna se durcit, mais elle se tu pour écouter la suite ;
"Vesna, je vais te demander d'entrer toi aussi dans cette organisation, de gagner la confiance de cette Nydiele et de t'assurer que ta soeur ne court aucun danger.
Je sais que tu aimes bien Valk, alors ... Tu veux bien faire cela pour elle?"
Le cerveau de Vesna fonctionnait à tout allure ; elle était partagée entre la colère et l'espoir ; son hypocrite de mère s'inquiétait plus de ne pas voir revenir Valk que de la réelle sécurité de cette dernière.
Visiblement, pendant son sommeil, son père avait réussi à gagner sa mère à sa cause .... Comme toujours.
Nydiele .... Qui était donc cette furie qui semblait inquiéter sa mère? Etait-elle la solution?
"Je pars quand?"
Dame Hyllianah fixa sa plus jeune fille, le regard adoucit.
"Quand tu veux ma chérie et je te remercie".
La belle elfe rousse se leva gracieusement et, sans un regard en arrière, quitta la chambre silencieusement.
Vesna la regarda partir distraitement, déja perdue dans ses pensées.
Nydiele... Vesna ferma les yeux et pria Khaine avec ferveur pour que cette mystérieuse furie soit la servante envoyée à elle pour sauver sa soeur.
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